Il est temps de dire à nos enfants que ce n’est pas le lieu où ils étudieront qui est important

Cette semaine, Katel a traduit un article publié dans Time.com, ici , écrit par l’américain William Strixrud, qui a co-écrit The Self-Driven Child: The Science and Sense of Giving Your Kids More Control Over Their Lives avec Ned Johnson. Bonne lecture !

Lorsque ma fille Jora était au collège, elle assista à une de mes conférences sur le cerveau adolescent pendant laquelle j’ai précisé que les notes au collège n’étaient pas de bons indicateurs de succès futurs. Sur le chemin de retour à la maison elle m’a dit, ‘Super ta conférence papa, mais je doute ce que tu as dit à propos des notes.’ Je l’ai assuré que j’y croyais. Afin de lui prouver je proposa de lui payer 100$ si elle obtenait un ‘C’ dans son prochain bulletin scolaire – pour n’importe qu’elle matière.

Nous sommes tous familiers des prédictions anxiogènes suivantes : Qu’un échec au collège te suivra pendant le reste de ta vie. Que si tu n’accèdes pas à Harvard ou à Yale tu ne seras jamais cadre supérieur. Que le chemin qui mène au succès est étroit et que tu n’as pas intérêt à faire un pas de travers. J’en suis venu à penser à ce système de croyances infondées comme faisant partie de ce que les psychologues appellent une « illusion partagée ».

Alors pourquoi nous ne disons pas la vérité à propos du succès à nos enfants ? Nous pourrions commencer avec le fait que seulement un tiers des adultes détiennent un master (4 ans) universitaire. Où alors qu’on peut aussi bien s’en sortir en terme de revenu, de satisfaction au travail et de bien-être qu’on aille dans une école d’élite ou bien dans une université moins sélective. Où qu’il y a de nombreuses occupations professionnelles à travers lesquelles les américains gagnent leurs vies, un grand nombre ayant nullement besoin d’un diplôme universitaire.

Je ne m’oppose pas à l’idée d’être un bon étudiant et il y a des avantages claires à réussir sa scolarité. Mais on n’a pas besoin d’être le meilleur étudiant ou s’orienter vers une école hautement sélective pour avoir une vie réussie et épanouissante. Le chemin vers le succès n’est pas aussi étroit qu’on ne le pense. Nous avons tous entendu parler de l’étudiant décrocheur qui a, par la suite, fondé une entreprise gagnante. J’étais moi-même un élève moyen qui a désisté à la fac. Pendant 20 semaines je n’ai rendu aucun travail. (Je dis souvent aux ‘décrocheurs’ dans ma clinique « qui dit mieux ?! ») Pour faire court, j’ai assez bien réussi ma vie, et j’attribue le fait d’avoir trouver une carrière en adéquation avec mes compétences à l’échec que j’ai vécu à la fac.

Les histoires que nous racontons à nos enfants favorisent la peur et la compétition.

Ce faux-paradigme touchent les enfants performants pour qui cette vision rigide vers le succès créé de l’anxiété, ainsi que les enfants moins performants, dont un grand nombre concluent qu’ils ne réussiront jamais et adoptent une attitude du type ‘A quoi bon essayer?’ De nombreux jeunes gens se disent ‘je dois mais je ne peux pas,’ ou ‘je dois mais je déteste ça’.

Pourquoi encourageons-nous nos enfants à avoir une telle vision déconnecté de la réalité du succès ?

J’ai demandé à de nombreux professionnels scolaires pourquoi ils ne disent pas la vérité aux enfants à propos des études universitaires : qu’elles n’ont que peu d’influence sur notre vie à long terme.

Ils hochent les épaules et répondent, « même si nous le disions, personne ne nous croirait. » Un m’a confié, ‘Nous aurions des appels téléphoniques et des courriers de parents qui estiment que si leurs enfants le savaient, ils ne travailleraient pas à l’école et auraient des vies ratées.

Beaucoup d’adultes s’inquiètent que si les enfants savaient que les notes n’étaient pas de bons outils pour prédire le succès de la vie, ils perdraient leur motivation pour le travail et la réussite. En fait c’est l’inverse qui est vrai. Durant mes 32 ans en tant que psychologue travaillant avec des enfants, je témoigne que dire la vérité aux enfants – leur donner des informations précises sur la réalité, dont les avantages d’être un bon étudiant – augmente leur souplesse et leur dynamisme. Cela motive les enfants qui ont de fortes aspirations à changer l’objectif de « travailler pour travailler » à « travailler afin de contribuer à quelque chose d’important ». Un modèle précis de la réalité encourage également les enfants moins motivés à revoir leurs options de manière plus générale et leur donne l’énergie de continuer les études et les auto-apprentissages même s’ils ne feront pas partie d’une élite de réussite.

Les enfants sont beaucoup plus motivés lorsqu’ils envisagent un avenir aligné sur leur propres valeurs plutôt qu’avec ce qu’ils imaginent devoir faire pour satisfaire les attentes de leurs parents, de leurs enseignants ou des universités et écoles. Nous ne pouvons inspirer nos enfants avec la peur. Nous leurs donnons de l’inspiration lorsque nous les aidons à s’améliorer à faire quelque chose, plutôt que d’être les meilleurs, et lorsque nous les encourageons à s’immerger dans ce qu’ils aiment faire.

Alors si vous voulez que vos enfants réussissent dans la vie, ne perpétuez pas une idée de la réussite qui est basée sur la peur. Commencez par le principe que vos enfants ont envie que leur vie soit une réussite. Puis dites-leur la vérité : Que nous réussissons lorsque nous nous appliquons à faire quelque chose qui nous parle, et en nous relevant lorsque nous trébuchons.

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