À 2 semaines de l’ouverture tant attendue, j’ai l’élan de (re)commencer à écrire et l’envie de prendre l’habitude de poser des mots sur les étapes de cette aventure… 🙂
Nos questionnements du moment tour de « avec quoi commencer » ? Quelles règles, quelle organisation, quelles institutions ? Qu’est-ce qui permettra de créer un cadre de départ sécurisant, accueillant, de donner une impulsion ou au contraire qu’est-ce qui serait de trop, superflu, qui pourrait freiner l’appropriation de l’école par les jeunes membres qui vont arriver dans 15 jours ?
Nous savons qu’une école démocratique est par nature une structure vivante, mouvante puisque sa forme est sans cesse sculptée par le collectif, au gré de ses besoins. Avant le 20 mai, le collectif, c’est nous. Nous avons fait le tour de nos besoins, à nous porteuses de projet, pour entrer dans cette aventure avec sérénité : voici notre base de départ 🙂
Quelques principes fondamentaux
Sensibles aux arguments notamment défendus par Bernard Collot, de se libérer des règlements intérieurs à rallonge pour laisser fourmiller la fourmilière, nous avons opté pour un cadre minimum. Nous arriverons donc le 20 avec 4 principes fondamentaux qui nous serviront de base de vivre-ensemble. Ces principes découlent d’un postulat simple et profond : chaque personne a la même valeur et donc le même droit à la dignité et l’intégrité.
Toute personne, quel que soit son âge, sa couleur de peau, son poids, sa taille, son genre, ses goûts, ses préférences…, a le droit d’être qui elle est, qui elle veut être. Je n’ai pas à juger sa personne, ni physiquement ni moralement.
Toute personne libre doit pouvoir accepter ou refuser d’agir avec d’autres. Agir, ça peut être : jouer, discuter, tout le temps.
Toute personne a des limites, physiques et émotionnelles. Ces limites peuvent changer, en fonction du contexte, des personnes. Je suis légitime pour affirmer ce que sont mes limites. Pour exprimer une limite, je peux dire : stop, arrête, je n’ai pas envie, non, je ne veux pas.. Quand j’entends ou sens une limite, je m’arrête et j’applique le principe 2.
Parce que nous partageons des espaces et des outils, nous devons nous ajuster pour que chacun·e puisse bénéficier d’un environnement agréable, propre, de matériel en état d’usage. Prendre soin, ça veut dire : utiliser avec précaution, ranger, nettoyer, remettre à sa place, respecter les règles d’utilisation…
Avec ces 4 principes comme boussole, nous nous sentons prêtes à embarquer ! La vie ensemble permettra de mettre du concret derrière ces mots, d’affiner leur mise en œuvre…
Ce que nous instituons
Nous postulons qu’un collectif durable nécessite la mise en place des espaces / des outils / des procédures / des instances de régulation. Afin de garantir la possibilité d’auto-régulation du groupe, nous posons comme principes non-négociables :
– l’existence d’une instance de prise de décision collective
– l’existence d’une instance garante des règles
– l’existence d’un espace de parole sur notre vécu émotionnel
La forme, l’organisation de ces instances évoluera en fonction des personnes et des besoins. En quelques mots, voilà notre proposition initiale de fonctionnement (supposé!).
Le Conseil d’École
C’est l’instance suprême de décision. Nous avons choisi de décider au consentement, c’est-à-dire d’accorder un droit d’objection à chaque membre. Notre Conseil d’École s’inspire des « Change-up meetings » des Agile Learning Centers, qui utilisent un support visuel pour suivre la construction des propositions.
Le Conseil de Justice
C’est l’instance qu’on peut saisir pour faire valoir ses droits, demander réparation, soutien, arbitrage. C’est un espace où l’on va apprendre à séparer les faits des interprétations, à mettre de la clarté sur les enjeux (quel principe a été transgressé ? quelles conséquences en découlent ? de quoi y a-t-il besoin maintenant ?), en postulant toujours une intention positive de la part des « transgresseurs ». À partir de là, on va apprendre à trouver des solutions ensemble pour garantir la sécurité et la liberté de tou·te·s au sein de l’école.
Le Cercle de Paix
C’est un espace de parole et d’écoute qui va permettre de déposer ses ressentis au centre, d’exprimer ses bien-ou-mal-vécus, d’évoquer des problématiques relationnelles. C’est un point de départ, une ouverture vers des possibles transformations de conflits, basée sur la confiance dans notre capacité à se confronter pour mieux se reconnecter.
Le Cercle d’Ouverture
Nous pensons que la reconnaissance de la place de chacun·e et la communication sont facilitées quand le collectif existe physiquement à des moments déterminés. Ainsi, nous proposons de ritualiser un Cercle d’Ouverture chaque matin, pour se dire bonjour, se faire passer des informations, se proposer des choses..
En conclusion provisoire
De la simplicité, de la clarté et un souci de rendre accessible à tou·te·s notre fonctionnement : voilà ce qui nous anime. Nous faisons confiance au futur groupe pour inventer la suite !
On vous suit de près depuis le Lot. Tout ceci est tellement inspirant et sonne si juste. Bravo à vous !