Je souhaite revenir dans cet article sur un moment que j’ai vécu récemment et qui m’a amené à réfléchir sur les chemins de l’intelligence collective…
J’ai participé à une réunion dans un cadre associatif différent de celui de l’école. Étaient réunis autour de la table des personnes ayant des points de vue et des statuts différents. Les désaccords et incompréhensions accumulés ont, au fil des mois débouchés sur des tensions et des conflits de plus en plus exacerbés.
Le début de réunion a donc été à l’image de cette situation : tendu ! Chacun faisant part de ses ressentis et exprimant les frustrations des derniers mois.
Suite à cela, nous sommes passé à un temps plus orienté sur la construction du projet pour demain. L’animateur nous a alors proposé d’utiliser la méthode des 6 chapeaux de Bono.
Qu’est-ce que c’est ?
Cette méthode, a été créée par Edward de Bono dans l’optique de permettre l’expression de toutes les idées et opinions amenées par les membres du groupe afin de trouver collectivement des solutions aux problèmes rencontrés.
Pour cela, le principe est de faire endosser à tous les participants à la fois un même mode de pensée puis de le changer pour un autre. Une séquence d’utilisation des chapeaux est déterminée à l’avance selon le problème à traiter (ex : tous les participants pensent d’abord en chapeau blanc, ensuite en rouge, puis en noir, etc.) ; chacun des intervenants doit utiliser le mode de pensée relié au chapeau déterminé par la séquence. Comme le nom l’indique, la méthode prévoit 6 modes de pensée : neutralité / organisation de la pensés / critique négative / critique positive / créativité / émotions. Ils sont détaillés dans ce schéma de l’Université du Nous :
Nous avons donc suivi cette démarche.
Eh bien, j’ai ressenti un changement incroyable dans la dynamique du groupe ! Et cela par différents aspects dont deux plus particulièrement :
→ La disparition des « étiquettes » que chacun peut porter aux yeux des autres (et des siens aussi souvent!). Il n’était plus possible de se dire « Olala, mais celle-là elle râle à chaque fois ! », ou bien « celui-là, toujours avec ses idées farfelues » ou encore «C’est toujours pareil, quand il parle, on dirait que tout est rose, on est pas au pays des bisounours ! ».
Je suis sure que vous les connaissez ces phrases ! Elles nous sont à tous déjà arrivées en têtes un jour, nous bloquant l’accès au véritable sens du discours que l’on écoutait.
Mais lorsque tout le monde prend ces rôles, en même temps, alors on peut se détacher de ces jugements et commencer accepter que sur le projet, oui il y a des aspects négatifs, oui il y a aussi des choses superbes qui se passent et que la créativité n’a de limites que celles qu’on lui donne.
→ Le deuxième aspect, bien sur lié au premier, est cette sensation de convergence du groupe que j’ai ressenti. Attention, cela ne veut pas dire qu’à la fin tout le monde était d’accord et partageait les même idées, et ce n’était pas le but. Je pense que la diversité des avis est précieuse pour construire un projet. Ce que j’appelle ici convergence c’est le fait de se sentir tous portés par le même objectif en travaillant ensemble pour l’atteindre.
Par exemple « ah oui ce point négatif que tu pointes c’est intéressant, je ne l’avais pas remarqué ».
Il me semble que ce sentiment repose aussi sur l’existence du chapeau «rouge » qui donne un espace à ceux qui en ont besoin pour exprimer ce qui les traverse, faire part de leurs inquiétudes, de leurs colères ou de leurs joies. Favoriser cette expression là amène à l’empathie et développe la confiance dans le groupe
Parmi les autres choses que la méthode des 6 chapeaux a amené, je vous fait part d’une dernière qui m’a touchée : la gaieté !
Pour « jouer » à fond, l’animateur nous a distribué à chacun 6 feuilles aux couleurs des chapeaux et nous avons commencé par un atelier origami, consistant à se fabriquer tous les chapeaux, c’était assez original comme début de réunion ! Et puis chacun a posé les pliages devant soi, créant de fait au milieu de la table une guirlande colorée rompant avec les marron des tables et le gris des ordinateurs. Je crois vraiment que ça a participé à crééer une ambiance plus joyeuse.
Je m’arrête ici sur le récit de cette expérience et j’espère vous avoir donner envie à vous aussi d’utiliser les 6 chapeaux. En tout cas, nous à l’école, on l’a déjà adoptée !
Laura