De passage à la médiathèque, je tombe sur un livre de Thomas D’Ansembourg qui m’interpelle. J’avais déjà lu « Cessez d’être gentil, soyez vrai ! » et j’avais apprécié ce bouquin rempli d’exemples concrets et de réflexions fines sur la Communication NonViolente.
Le livre que je découvre s’intitule Du JE au NOUS, l’intériorité citoyenne, le meilleur de soi
au service de tous. Le quatrième de couverture me parle :
Devant le chaos du monde, les injustices et les catastrophes, nous nous sentons impuissants et nous posons les questions suivantes, et pas seulement pour rire: Qui fuis-je? Où cours-je? À quoi sers-je? Faute de trouver à l’intérieur de nous un sens à notre existence, nous avons créé une société où tout le monde court hors de soi.
Cette course nous épuise et épuise la planète. Notre mal-être personnel génère des tensions que ni l’hyperactivité, ni la surconsommation, ni la course à l’argent ne peuvent apaiser et qui se répercutent sur la société. Pour Thomas d’Ansembourg, la solution se trouve à l’intérieur de nous. Il nous suggère de prendre le temps de reconnaître et de respecter notre nature intime.
S’appuyant sur les découvertes étonnantes de la physique quantique, il nous propose des clés d’accès à une intériorité transformante, inspirée et inspirante, et fait un lien pionnier entre l’individuel et le collectif, entre l’intériorité et l’action juste. Illustrant son propos de nombreux cas vécus, l’auteur démontre qu’un citoyen pacifié est un citoyen pacifiant et qu’un être humain ayant trouvé son élan de vie propre se met invariablement au service des autres. Pour lui, le développement personnel profond est la clé du développement social durable. En cette période de changement, ce livre est une invitation à réapprendre à vivre de tout notre être, pour mettre de façon efficace et généreuse le JE au service du NOUS.
Ça m’intéresse alors je feuillette les premières pages.
Il parle du fait que nous avons besoin de trouver un sens à ce que nous faisons. Il part du principe que nous avons en nous les ressources nécessaires pour mener une vie satisfaisante et qui a du sens pour nous. Il parle du besoin de prendre du recul à l’intérieur de nous-même pour y accéder à ces ressources.. À notre imagination, notre intuition, notre créativité, notre intelligence du cœur, notre puissance d’action et de transformation, notre confiance, notre bienveillance…
Jusque là, j’ai l’impression de lire les notions fondamentales que nous prenons comme base, qui viennent de l’approche non-directive de Carl Rogers notamment : au fond de nous, nous savons ce qui est bon pour nous, ce qui est aligné avec nos besoins du moment. Quand on en est conscient.e, on est serein, déterminé, stable. Seulement, parfois, souvent, on perd la connexion et il faut trouver les moyens de se reconnecter. Ces principes sous-tendent l’organisation de notre future école : plutôt que de penser à la place des enfants sur ce qu’il serait bon pour eux de faire, nous voulons leur offrir confiance, écoute, accueil inconditionnel pour qu’ils trouvent, retrouvent, connectent avec ce qui est bon pour eux.
J’aime aussi cette idée que pour être en capacité de respecter le rythme, les ressources et les limites de notre planète, il faut apprendre à respecter son propre rythme, ses propres ressources, ses propres limites. Et que dans un collectif, on s’efforce de prendre en compte chaque individu.e, et on s’ajuste, pas à pas, pour trouver un fonctionnement respectueux de chacun.e. Ce qui est bon, c’est ce qui va nous épanouir, nous mettre en expansion, à l’intérieur de nous comme à l’extérieur. Ce qui est bon pour nous nous apporte joie et satisfaction et nous donne les moyens et l’envie de contribuer au bien-être des autres, de participer à la construction collective..
Pour moi, une école démocratique offre du temps et des ressources pour avancer sur ce chemin de la conscience de ce qui est bon pour nous au sein d’un cadre collectif et stimulant. Elle nous offre un environnement dans lequel nous pouvons devenir plus libres et plus responsables.
Thomas d’Ansembourg définit qu’être « plus libre » signifie être « moins entravé par des mécanismes inconscients, des peurs et des colères enfouies, des croyances limitantes, des automatismes.. ». J’aime cette définition car je trouve qu’elle permet de sortir d’une imaginaire qui associe « liberté » à « faire tout ce que je veux » voir à « faire n’importe quoi ». La liberté s’acquiert progressivement, c’est un mouvement de détachement de ses conditionnements et d’augmentation de son pouvoir d’agir.
Pour moi, ce projet d’école vient de cette envie de co-créer cet espace où on cherche ensemble comment devenir plus libre. Comment prendre conscience de ce qui nous enferme, comment lâcher prise, comment s’ouvrir et trouver ce qu’il est juste de faire pour nous. C’est ce que Thomas d’Ansembourg appelle « notre élan de vie ». C’est un sentiment au-delà des émotions, une tranquille détermination. Un chemin passionnant, vous ne trouvez pas ?
Je crois que ces enfermements sont aussi le produit de normes sociétales qui sont structurellement inégalitaires, et que prendre conscience de comment fonctionne notre monde est un outil pour nous épanouir et le transformer. Du coup, quand Thomas d’Ansembourg fait le lien entre le « développement personnel profond » et le « développement social durable », je me dis Yes !
C’est aussi en augmentant la conscience de qui on est et ce qu’on fait qu’on augmente notre responsabilité.
Thomas d’Ansembourg propose la définition de la citoyenneté suivante : La citoyenneté, c’est l’appartenance consciente à la communauté sociale – locale & mondiale – en tant qu’êtres libres, responsables et inter-reliés ».
Le cadre collectif co-construit d’une école démocratique doit permettre cette conscience progression de « comment faire avec les autres », de l’utilité des règles pour vivre-ensemble, de la nécessité des institutions pour faire évoluer le cadre pour qu’il reste adapté aux besoins du groupe et des membres qui le composent. Et au-delà du groupe, il doit permettre la conscientisation de notre appartenance à l’Humanité.
J’ai pas (encore?) lu la suite du livre, mais pour l’instant ça me plaît bien, ce concept d’intériorité citoyenne. Et vous, vous en pensez quoi ?
Claire
Bonjour Claire et toute l’équipe de l’école démocratique. Merci pour cet article. Je n’ai pas lu ce livre de Thomas d’Ansembourg et en lisant tes mots j’ai pourtant l’impression de le connaître.. C’est que cela résonne très fort avec ce qui est vivant en moi et ce que je souhaite transmettre moi aussi sous une forme ou une autre.
Je suis tellement heureuse de voir que votre projet se matérialise et que ces expériences vont être partagées avec des enfants et des parents. Bravo, bravo.
L’intériorité citoyenne du je au nous me parle de ce long cheminement fait à travers la PNL puis la CNV et tous les outils qui m’ont permis de me découvrir moi-même et de retrouver ma liberté d’être après tous les conditionnements et croyances intégrés au fil de cette vie… et d’autres. Je continue de me dévoiler à moi-même et chaque rencontre est une clé où la relation devient la forme de partage du Je suis, Tu es, Nous sommes, dans cette unité qui englobe toute Vie, toute énergie. Et depuis l’espace de mon coeur enfin apaisé, au-delà des émotions qui me traversent, se révèle peu à peu la puissance d’être et le désir de rayonner. Rayonner non pas pour briller et attirer à moi le succès ou la reconnaissance mais rayonner l’être que je suis pour accompagner d’autres êtres à vibrer les merveilles qu’ils sont déjà, sans le savoir parfois. 😉
De coeur à coeur <3
Brigitte
Ça me parle énormément. Je fais le lien avec les concepts de « présence à soi » et d' »absence à soi » de Michel Terestchenko. Un être humain réellement libre est présent à lui-même. Et en étant dans la présence à soi, il est naturellement altruiste et tourné vers les autres. Il ne se laisse pas dominer, soumettre. Il est digne, intègre, juste, aidant avec les autres. Pour moi les écoles démocratiques permettent cela : laisser l’individu être présent à lui-même. C’est quasiment le contraire de ce que fait l’école traditionnelle, qui va le décentrer, en lui retirant la responsabilité de répondre à ses besoins, en lui demandant de faire des choses qu’il n’a pas envie de faire, en faisant confiance à une autorité extérieure, qui sait mieux que lui ce qui est bon pour lui.
L’écologie globale commence par l’écologie intérieure.
Merci pour ce partage qui me parle tant. Tout est si bien dit 🙂 et le livre donne envie